Réseau Mom'artre

Le réseau mom’artre

Présentation du réseau

Le réseau mom’artre est une association qui accueille des enfants entre 4 et 11 ans, elle existe depuis plus de 15 ans. La première antenne a été créée en 2001. Il s’agit de mom’artre (dans le 18^eme arrondissement). La fondatrice s’étant rendue compte de la difficulté de gérer des enfants en tant que famille monoparentale, a imaginé puis créé le lieu de garde idéal. L'association s'inscrit dans l'économie sociale et solidaire avec son aspect d'aide aux familles. Nous verrons par la suite que le réseau aide notemment les femmes à s'affirmer dans le monde du travail et à favoriser la création de lien sociaux au sein des quartiers par l'intermédiaire des enfants. La solidarité et l'échange sont donc au coeur de la réflexion du réseau.

La création d’autres antennes a été conséquente en 2008. En moyenne, une à deux antennes sont créées chaque année depuis trois ans.

Ce service est disponible pour les familles du quartier la semaine après les jours d’école, le mercredi après-midi jusqu’à 19 h (pour les antennes qui acceuillent des enfants en école privée). Les animateurs vont chercher les enfants dans les différentes écoles du quartier, et les parents viennent les récupérer après le travail. Certains stages sont également proposés pendant les vacances scolaires.

Cependant, mom’artre a une particularité : celle de s’adapter aux revenus de la famille de l’enfant gardé. En effet, les prix varient de 10 centimes à 10 euros de l’heure. À mom’frenay, le tarif moyen cette année est de 3,30 euros ; et sur l’ensemble des antennes, il est autour de 3,50 euros.

Le réseau compte 12 lieux d’accueil dont 7 à Paris ( dans les arrondissements suivants : 10ème, 12ème, 13eme, 14ème, 18ème, 20ème) dont la plupart sont situés dans des quartiers défavorisés. Il y a également des lieux d'acceuil à Nantes (1), à Arles (2) et à Marseille (2). C’est une association privée de loi 1901 qui pratique l’économie sociale et solidaire. Les antennes se trouvant à Nantes, Marseille, et Arles se sont développées et sont devenues des associations à part entière. Il y a donc eu la création de 3 pôles : mom’sud, mom’ouest, et France Réseau Mom'artre.

L’association a pour objectif de donner aux enfants une ouverture culturelle et créative, de leur donner confiance en eux, de leur apprendre à vivre ensemble ainsi qu'à être autonome. En outre, l'association cherche à ce que les enfants soient épanouis et qu'ils murissent au cours de leur passage à Mom'artre et aient un certain équilibre entre travail et famille en proposant des accompagnements aux devoirs. Néanmoins, comme nous le verrons par la suite, les objectifs de l’association ne tournent pas uniquement autour des enfants mais également autour de la famille ou des artistes intervenants.

Nous avons eu l’occasion de nous rendre deux fois sur l’un des sites : celui de mom’frenay qui est situé à paris, place Henri Frenay, dans le 12^eme arrondissement, à côté de la gare de Lyon.  

La première fois, nous nous y sommes rendues un mercredi afin d’assister à une journée de garde des enfants et d’être directement en contact avec eux et les animateurs. (La description d'une journée type est disponible en annexe)  

La deuxième fois, nous avons eu un entretien avec la directrice de ce site

Les modes de financement 

En ce qui concerne les modes de financement, le réseau dispose de diverses ressources. 

Tout d’abord, il y a les ressources issues des paiements des familles : elles payent pour la garde de leur enfant. En moyenne cela représente 30 % des financements mais ce montant est très variable d’une antenne à l’autre puisqu’elle peut aller de 18 % à 50 %.

Il y a ensuite les financements publics et privés obtenus par des réponses à des appels à projet de la part de l’association ou de demandes de subvention. Parmi les financements publics se trouvent la CAF, la ville de paris, et les mairies d’arrondissement. Les financements privés viennent d’entreprises comme Nivea ou de fondations privées comme la fondation De Rotchild.

Les artistes intervenants 

Le réseau s’investit énormément pour les artistes intervenants extérieurs, considérant qu’il doit être bénéfique à tout le monde. En effet, de multiples formations leurs sont proposées ainsi qu'aux équipes salariées.

En ce qui concerne les artistes intervenants extérieurs, ils viennent ponctuellement (ils sont en moyenne deux par session et viennent quatre à cinq fois). Les "impacts" voulus par le réseau sur les intervenants extérieurs sont tout d’abord d’apporter une solution d’emploi et d’activité aux artistes, de les accompagner dans leurs projets, et qu’ils acquièrent de nouvelles compétences qui par conséquent renforcera leur employabilité. Ces compétences peuvent être diverses : par exemple, la gestion de groupe, la pédagogie ou encore la conception d’un atelier.

Au-delà, c’est aussi promouvoir les artistes afin de créer un réseau actif.

Par ailleurs, les artistes peuvent avoir un tuteur s’ils le souhaitent. Il sera de ce fait accompagné, conseillé par un membre salarié. Leurs différentes méthodes et idées pouvant se compléter et permettant à l’artiste d’aboutir totalement sa formation. Cela leur permet ainsi de mettre des mots sur leurs objectifs pour que ce soit non seulement plus clair pour le tuteur mais également pour eux-même. Des formations leur sont également proposées par le service « mom’formation » prenant une demi-journée leur apprenant les règle de vie, la sécurité, les bonnes pratiques, la méthodologie de projet et la gestion des conflits. C’est aussi une source d’inspiration et une ouverture à la médiation culturelle qui leur est offerte. Ils peuvent également ressortir de ces formations avec des contacts utiles pour le futur.  

En effet, la majorité des artistes intervenant à Mom’artre sont au chômage ou en situation de précarité. Ce sont souvent des personnes passionnées qui n’arrivent pas à vivre de leurs projets.

Les antennes se recommandent mutuellement les artistes intervenants, et peuvent parfois les embaucher avec un contrat de travail à durée déterminée (CDD), ou avec un contrat de travail à durée indéterminée (CDI). Mom’artre tient à aider les artistes à monter des projets extérieurs : le réseau répond à des appels à projet pour un ensemble d'artistes puis leurs retransmet. Ainsi, le réseau leurs permet d’avoir accès à une mission rémunérée qu'ils n'auraient pas sans aide. Cela leur apporte une solution d’emploi temporaire.

Les artistes sont mis en relation avec les personnes susceptibles de les embaucher et le réseau met aussi à disposition ses locaux le week-end afin qu’ils puissent faire des expositions pour se faire connaitre ou d'avoir une salle pour créer.

Les artistes intervenants extérieurs ont pu témoigner des progrès des enfants par l’intermédiaire d’un questionnaire et d'un bilan qu'ils remplissent à l'issue des ateliers qu'ils ont animés. D’après eux, l’enthousiasme et la volonté de faire et d’apprendre des enfants en ressort mais des problèmes disciplinaires et le manque de respect entre les enfants est extrêmement présent, dégradant la qualité de l’activité pour les enfants plus calmes.

Les équipes salariées 

En ce qui concerne les équipes salariées, des formations leur sont proposées tout au long de l’année, selon les besoins et la motivation des animateurs.  

Il faut savoir qu’elles ont un coût très variable pour le réseau. Il y a trois possibilités. 

Tout d’abord c’est quelqu’un du réseau qui réalise la formation, ceci est donc un coût faible. 

Ensuite, la personne peut être un intervenant extérieur mais la formation se fait dans les locaux de l’association. Il n’y a donc pas de frais de location de salle. 

Enfin, mom’artre est en partenariat avec une entreprise de formations. Le réseau cotise chaque année leur permettant d’avoir des formations.

Les équipes salariées ont également été sollicitées pour évaluer l’impact de mom’artre sur les enfants. Elles ont rempli une grille au début de l’année ainsi qu’à la fin. Les animateurs ont ensuite comparé les résultats et observé les évolutions. Globalement, les équipes ont remarqué une tendance à l’amélioration dans les critères de l’expression, de la créativité, de l’aptitude de l’enfant à se sentir en sécurité, de la confiance en soi et de l’autonomie. En revanche, en ce qui concerne le vivre ensemble et la citoyenneté, des progrès restent à faire. Ils observent également que sur les antennes où les enfants viennent de différents milieux sociaux, il y a une meilleure tendance à la progression face à l’ouverture culturelle. Les objectifs de l’association en ce qui concerne les salariés sont de créer des emplois durables pour un public peu habitué au salariat, renforcer l’employabilité, partager une vision commune de la mission de l’association, les motiver sur les missions, travailler en équipe et mutualiser les pratiques, développer des compétences.

En 2014-2015, le réseau mom’artre a employé 107 personnes de manières ponctuelles. Parmis ces artistes, 33 sont intervenus  quelques heures de manière hebdomadaire pendant toute l'anée dans le cadre des ateliers hors antennes.

Dans les antennes parisiennes, en fin 2014, il y avait 23 artistes employés à des durées de travail varibles :

• - 6 CDD de 4h
• -1 CDD de 20h
• -8 CDD de 26h
• -6 CDI de 35h
• -2 CDD de 35h

En fin 2015, le nombre de salarié est passé à 34 dont 82% de femmes :

• -12 CDD de 4h
• -2 CDD de 30h
• -4 CDI de 35h
• -10 CDD de 35H

La fourchette d’ancienneté varie de neuf mois à six ans.

Les employés acquièrent donc des compétences dans les domaines de la pédagogie, de l’animation socioculturelle et aident les intervenants extérieurs à se positionner dans leurs parcours artistique, à ouvrir leurs champs de compétences, et à évoluer vers de nouveaux objectifs.

Lutte contre les inégalités à l'embauche 

Avec 82 % de femmes employées contre seulement 18 % d’hommes employés, l’association lutte également contre les inégalités à l’embauche à l’encontre des femmes.

En effet, elle vise à faciliter l’insertion des femmes dans le monde du travail. 

Au début, l’association était créée pour les familles monoparentales qui en grande partie sont des femmes avec des enfants.                                                                                                                   L’objectif était donc de permettre à ces femmes d’avoir du temps et d’avoir un emploi, de faire en sorte qu’elles puissent accepter un travail même avec des horaires tardifs sans avoir besoin d’aller chercher les enfants à l’école. 

Il fallait donc aussi qu’elles aient du temps pour pouvoir chercher un travail, et passer des entretiens d'embauche.

Projet

Une idée de projet est que le réseau s’engagerait à garder deux places disponibles et gratuites le mercredi pour des gardes ponctuelles afin que les mères puissent se rendre à pôle emploi ou à des entretiens. 

L’idée est de monter un réseau de partenariat pour réellement les accompagner dans leurs recherches d’emplois (de faire connaitre le système aux administrations pour prévenir les familles de cela).

Par ailleurs, l’association aimerait mettre en place des ateliers gratuits d’aide à la rédaction du CV, ou à la préparation d’un entretien.

Mom’artre voudrait également obtenir un partenariat avec une association qui s’occuperait de prêter des costumes ou des tailleurs aux personnes ayant de faibles moyens afin qu’’ils n’aient pas à acheter une tenue chère pour leur entretien.

Effectivement, entre 20 et 25 % des familles inscrites sont monoparentales sans compter les personnes divorcées ou séparées dont l'association fait l'objet d'un comptage à part. 

Cela aide à maintenir un équilibre au sein de la structure familiale.

La structure familiale

Le réseau cherche à faire en sorte que les parents soient moins stressés (comme " je rentre tard et il faut encore que je lui fasse faire ses devoirs") pour pouvoir facilement concilier les heures de travail et de vie de famille, qu’il y ait une proximité entre l’enfant et les parents.

Certaines familles mettent leurs enfants pour la partie artistique, ils sont très sensibles sur ce point. Ils continuent donc la démarche en dehors des temps de garde: les parents emmènent leurs enfants à des expositions en rapport avec les ateliers proposés par mom’artre. 

D’autres familles mettent leurs enfants pour la facilité des horaires et la flexibilité des tarifs. De ce fait, ils ne continuent pas forcement la démarche culturelle et artistique. 

En rencontrant de nouvelles personnes d’origine diverse par le biais de mom’artre, la mixité sociale, l’ouverture culturelle sont favorisées et le sentiment d’appartenance à leur lieux de vie est renforcé.

D’après les parents, les valeurs que mom’artre partage sont la liberté d’expression, le dialogue et l’écoute, la mixité sociale / la souplesse de garde du service.

La famille a pu se prononcer pour avoir un avis encore plus intime quant à l’évolution des enfants. Cela a été possible grâce à un questionnaire.

94 % des parents estiment que Môm’artre permet à leurs enfants de développer leur imagination et les rends plus créatifs, 91 % que les enfants ont plus confiance en eux, 88 % disent qu’ils développent l’aptitude de vivre ensemble, 86 % qu’ils ont une meilleure ouverture sur l’art. Pour finir, neuf parents sur dix trouvent que leur enfant a plus d’autonomie.

Les enfants

Étant les principaux concernés, de multiples méthodes ont été mises au point pour recueillir la parole des enfants.

La première consiste à poser 3 questions aux enfants :

1. comment je me sens à Môm’Artre ? (aidés par la frise des émotions : joyeux, triste, en colère, déçu…) ;
2. ce que j’aime en particulier ;
3. ce que j’aimerai changer. 

La deuxième méthode est sous forme de jeu de dé : le tableau ci-dessous est la base du jeu.

Les enfants, réunis par petits groupes de deux à sept participants volontaires, choisissaient tour à tour une thématique, puis lançaient un dé qui détermine la question qui va être posée. L’enfant ayant lancé le dé pose alors la question correspondante, et chacun des participants doit y répondre.

Ce qui en ressort, c’est que les enfants sont contents mais regrettent l’absence d’espace extérieur.

Les évènements

Nous avons pu constater que Mom’artre ne cherche pas seulement des effets sur les enfants mais également sur les parents, les équipes salariées et les intervenants extérieurs.

Pour aller encore plus loin dans la démarche d’accompagnement, de nombreux évènements ont étés créés.  Parmi eux, les cafés de famille, les nuits blanches, ou encore la fête de la nature.

Les cafés de familles sont des activités mises en place en dehors du temps de garde, ils réunissent les parents d’un côté et les enfants de l’autre autour d’un thème. Le plus souvent, les cafés de familles ont lieu le weekend end. Les thèmes peuvent être diverses, parmi eux nous pouvons trouver « quand les enfants ne dorment pas », ou « quand les enfants disent toujours non »… Les adultes sont réunis autour d’un petit déjeuner et participent à un débat animé par « bibliothèque jeunesse » du 12^eme arrondissement, et « Le CLAP- passage des tout-petits ». 

La bibliothèque trouve des livres puis fait la lecture aux parents pour amener le débat et l’échange est animé par "Le CLAP- passage des tout petits". 

En même temps, les enfants font un atelier en rapport avec le thème, dans l’objectif de : 

- accompagner les enfants dans la problématique. Par exemple, ils ont fabriqué un attrape rêve pour les aider à s’endormir . 

- dégager du temps pour que les parents puissent venir participer.

Les nuits blanches sont des évènements organisés une fois par an autour d’un thème. Les enfants réalisent des créations autour de ce thème. La présentation aux parents a lieu de 19 h à 22 h.

L’année dernière, le thème était le rêve. Les enfants avaient réalisé une boite à rêves dans laquelle se trouvait un dessin de chaque enfant représentant son rêve. À l’arrivée des enfants et des parents ils descendaient tour à tour dans « une grotte » créée pour l’occasion afin de raconter son rêve à la dame des casernes. Ils assistaient à un spectacle et à la fin la boite à rêves s’illuminait et racontait les rêves de chaque enfant.

La fête de la nature se base sur le partenariat avec l’école de la philanthropie. Chaque antenne à son atelier de philanthropie qui dure sur trois à cinq sessions.

Les enfants choisissent un thème puis montent un projet autour de celui-ci. En 2015, à Mom'frenay, le thème était la protection de la nature. Un évènement avait été organisé pour l’occasion. Les enfants avaient re-décoré l’espace devant l’antenne, créé des quiz et des jeux. Les passants pouvaient en profiter.

L’année dernière, à mom'frenay, un échange artistique avec des enfants différents avait été mis en place (étrangers et en situations difficiles puis porteur d'un handicap). Les enfants avaient réalisé une pièce de théâtre dans la langue des signes.

Cette année, à mom'frenay, l’atelier vient de commencer mais le thème choisi est la lutte contre le sexisme. 

Les ateliers

Le réseau s’inscrit aussi dans la nouvelle réforme scolaire : 

Il mène des ateliers dans une vingtaine d’écoles parisiennes dans le cadre de la nouvelle réforme des rythmes scolaires qui stipule que les enfants d’école primaire auront trois heures de temps d’activités périscolaires. Les enfants choisissent leurs ateliers, et les artistes animent des ateliers artistiques, sportifs… 

Il y a également un partenariat avec des crèches où des artistes se déplacent et animent des ateliers pour les tous petits changeant du mode de garde classique des assistantes maternelles.

Par ailleurs, mom’artre fait des prestations ponctuelles aux entreprises comme les family days : elle organise des journées parents / enfants dans les entreprises, par exemple, la fête de noël.

Conclusion

Pour conclure, Mom’artre souhaite être bénéfique a tout le monde en pratiquant l’économie sociale et solidaire par son aspect d’adaptation aux budgets de la famille, le partage, la mixité et la richesse des différents projets réunissant tout le monde dans les meilleures conditions. Mais aussi dans l’accompagnement des projets des artistes et des salariés. De plus, le réseau veut améliorer ses points faibles en s'appuyant sur l'expression de tous les acteurs, mais aussi tout mettre en œuvre pour que les enfants se sentent bien.

Toutes les informations proviennent du site internet http://www.momartre.net/; de Laetitia Adam, la directrice du site de mom'frenay ainsi que des documents qu'elle nous a fourni tel que le rapport d'activité de l'association.